Communiqué de presse économique : Des lueurs dans la brume

Courbevoie, le 30 juin 2025

Présentes dans toutes les machines industrielles ou mobiles, dans tous les moyens de transport et dans tous les secteurs industriels, les professions d’ARTEMA – l’organisation professionnelle des industriels de la Mécatronique – affrontent l’incertitude toujours présente avec un petit peu plus d’espoir à la fin du premier quadrimestre.

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008. Il compte aujourd’hui plus de 100 répondants chaque mois.

La conjoncture reste difficile pour les professions d’ARTEMA à fin avril. Quelques signes encourageants ça et là incitent à penser que le plus bas a été atteint et donne un peu d’espoir. L’investissement n’a pas encore repris mais des projets apparaissent encore de manière sporadique dans les secteurs les plus dynamiques.

Pour la première fois depuis plus d’un an, l’opinion des industriels montre dans l’indicateur global ARTEMA une belle croissance des facturations en avril qui résiste également en mai. Les prévisions à trois mois et le carnet de commande qui se sont rejoints, effleurent la zone positive. Une configuration qui ne s’était pas présentée depuis l’été 2023 !

Plusieurs professions comme l’Hydraulique et les Transmissions et automatismes pneumatiques présentent un premier quadrimestre positif ou proche de l’équilibre en commandes. Même si les chiffres d’affaires restent globalement négatifs, c’est un premier vrai signal positif. Une balise revigorante surtout en Hydraulique où la situation reste encore très difficile. Dans le contexte anxiogène actuel, où l’incertitude est un des facteurs bloquant les investissements, tout élément positif est bon à prendre pour restaurer le cercle vertueux de la confiance aussi bien auprès des observateurs, des analystes que des acteurs industriels sur le terrain.

 

Pas de drame… il reste de l’espoir

Cette amélioration dans les commandes, ce frémissement, doit cependant être relativisée car les comparaisons se font parfois sur un niveau assez faible.

Autre signal qui passe au vert, les carnets arrêtent de baisser. Il est clair que ce sont la rechange et la maintenance qui font toujours vivre au quotidien les industriels plus que les beaux projets. « Il n’y a pas de drame, sur plusieurs secteurs, ça ne baisse plus, les projets se décalent mais il reste de l’espoir » notait un industriel à mi-mai. Sans surprise, la Défense, l’Aéronautique, le Ferroviaire, le Nucléaire et le Gaz offrent les projets les plus prometteurs. L’Automobile se porte un peu mieux dans les chiffres mais bénéficie également d’une base de comparaison assez faible.

Le Bâtiment a révisé à la hausse sa prévision 2025, au début mars, de -6% à -3% et respire un peu mieux dans le neuf au premier trimestre mais cale pour la Rénovation. En Mobile, la crise des logements et des locaux neufs a fait chuter en 2024 tous les équipements pour les BTP (les grues, les pelles…) et 2025 est attendue autour de -5% pour tous ces matériels comparés à une année déjà en baisse.

Le secteur du machinisme agricole reste toujours affecté. Selon Axema, le marché des agroéquipements pourrait retrouver le chemin de la croissance à mi-2025 après sept trimestres consécutifs de baisse.

Chez les fabricants de machines, en général, la visibilité reste très réduite et le marché demeure très volatile. Il n’y a pas de reprise même si un léger appel d’air a été ressenti en avril chez les OEM.

La conjoncture industrielle reste dégradée

Hormis quelques secteurs moteurs, la conjoncture industrielle globale reste donc encore molle et fragile. Les entrées de commandes vont et viennent, certaines sont reportées, plus rarement annulées, sans parler des commandes « programmes » qui sont finalement décalées en fin d’année. Un jour c’est bon, le lendemain c’est morne plaine.

Les clients se fragilisent financièrement, les délais de paiements s’allongent et pas seulement chez les petits clients. Les justifications se multiplient pour tenter d’expliquer certains retards.

Sur le plan national, les défaillances d’entreprises continuent d’augmenter mais avec un rythme plus lent avec +4% sur un an au premier trimestre et elles se stabilisent dans l’industrie. Ici aussi, le pire devrait être derrière nous avec un pic qui semble avoir été atteint à la fin de l’année 2024, comme l’analyse ALTARES.

L’attente générale et l’incertitude entravent toujours l’investissement

L’investissement dans l’Industrie est toujours en panne. On accuse l’attentisme, tout le monde se regarde, tout le monde attend pour investir, pourtant les tiroirs de projets ne sont pas vides mais personne ne signe. Prudence, méfiance, et réserve sont toujours d’actualité. L’incertitude économique règne en maître en France bien encouragée par l’incertitude politique toujours latente.

L’Economie française dans son ensemble reste en croissance tout juste positive mais elle n’arrive pas à s’extraire de la morosité. Le secteur des services ne tire plus autant l’Economie ces derniers mois et compense donc moins l’atonie industrielle. La croissance au premier trimestre augmente de +0,1% comparée au précédent trimestre. L’industrie manufacturière présente un encourageant +0,4% porté par l’agroalimentaire (drivée par les boissons) et les matériels de transport. Les biens d’équipements restent en négatif. L’INSEE prévoit un acquis de croissance à mi-année de + 0,3% et les trois prochains trimestres de l’année à +2%. Il faudra donc un deuxième semestre bien plus dynamique que le premier, ce qui est raisonnablement envisageable, pour atteindre les prévisions les plus prudentes : l’organisme économique français Rexecode, rejoint par la Commission européenne et l’INSEE, verraient bien +0,6% de croissance annuelle pour la France en 2025.

En Allemagne, la situation économique reste compliquée mais progresse doucement dans le bon sens. L’Indice IFO économique général augmente en continue depuis décembre 2024. Dans l’industrie manufacturière un net redressement s’observe en mai notamment dans l’agroalimentaire.

Les nouvelles commandes ont augmenté de 5% en avril sur un an et de +0,6 % sur un mois grâce essentiellement à la fabrication de composants informatiques électroniques et optiques ainsi qu’au matériel de transport hors auto (Source Destatis).

L’INSEE dans sa dernière note de conjoncture du 17 juin note que « Dans la zone Euro et en particulier en Allemagne, les industriels sont un peu moins pessimistes sur leurs perspectives d’activité et l’investissement s’ébroue, profitant des baisses de taux d’intérêt. »

L’Economie mondiale face à la guerre commerciale américaine

Enfin, comme toujours, rien ne peut s’analyser sans évoquer le contexte anxiogène mondial et l’incertitude géopolitique des conflits mondiaux : guerres (Russie Ukraine, Moyen Orient…) toujours d’actualité.

À cela, s’ajoute bien entendu le séisme causé par la guerre commerciale de Donald Trump. Le président américain donne l’impression de gouverner avec une provocation et une dramaturgie plus proches d’un CEO de l’entreprise USA  que d’une approche politicienne structurée par des arbitrages diplomatiques.

Le président américain vient de signer le 3 juin le décret qui monte à 50% les droits de douanes sur les importations américaines pour l’Acier, l’Aluminium et certains sous-produits comme les fixations, ce qui affecte donc l’une de nos professions.

Sur la base des nouvelle taxes douanières sur les importations américaines à mi-mai, l’OCDE a d’ailleurs révisé à la baisse sa prévision de croissance mondiale qui passe sous la barre hautement symbolique des 3% avec 2,9% pour 2025.

Le 5 juin, la BCE rassurée par le taux d’inflation en mai (1,9%) en phase avec la cible de 2%, baisse encore de 0,25 points son taux directeur qui passe à 2% afin de relancer les investissements et la croissance. L’objectif est bien de fortifier l’Economie européenne face à l’incertitude causée notamment par les attaques commerciales américaines et le contexte géopolitique. La croissance du PIB de la zone euro qui a cru de 3% au T1 2025 comparé au T4 2024 est attendue en hausse annuelle autour de 0,9 % en 2025.

L’Epée de Damoclès chinoise s’affûte de jour en jour

Le danger principal qui menace l’Industrie française pour les prochaines années ne se trouve pas aux Etats-Unis. La Chine, dans le viseur états-unien avec les taxes douanières, dirige lentement mais surement tous les canons de son arsenal de guerre commerciale vers l’Europe. Toutes les familles de machines industrielles et de composants sont visées et la qualité devient très proche des produits fabriqués en Europe et avec des prix moindres. A la Foire de Hanovre, ces derniers jours, la Chine était présente sur plus de 900 stands. On dépasse le ratio d’un exposant sur cinq. Cet état de fait ne devrait pas étonner car il est le résultat du Plan Made in China 2025 démarré en 2015 par le Gouvernement chinois et destiné à faire passer la Chine du statut d’Usine du monde à celui de grande puissance industrielle. Le pari est plutôt réussi. Si on prend comme exemple les robots industriels au sens de la norme ISO 8373:2021, plus de la moitié des 541 000 robots industriels installés dans le monde en 2023 l’ont été en Chine. Près de la moitié d’entre eux étaient d’origine chinoise alors qu’il y a 10 ans ils n’étaient que 20 % à être issus des fabrications locales (source IFRS).

Un deuxième semestre très attendu

En France, même si beaucoup de secteurs déclarent ne pas voir de véritable reprise avant 2026, sauf catastrophe, il n’y a pas de crise prévue. La légère amélioration de la conjoncture observée ces derniers mois chez les professions d’ARTEMA pousse à voir les prochains mois avec un optimisme rationnel.

En juin, selon l’INSEE l’enquête mensuelle de conjoncture sur l’industrie se dégrade encore et montre un solde d’opinion sur les carnets en baisse. Celui sur le niveau des stocks de produits est en forte hausse.

D’une manière générale, l’Industrie reste donc fragile mais résiliente, malgré tout, l’état inquiétant de non-investissement ne peut plus durer éternellement.

Une année neutre serait la panacée

En résumé, chez beaucoup de nos industriels, l’objectif ultime est d’atteindre la stabilité en 2025 par rapport à 2024, la plupart des professions table sur un 0- . L’Hydraulique plus touchée que les autres prévoit encore une baisse cette année. L’Etanchéité et les Electrovannes liés aux industries du process (tout ce qui est non manufacturier) eux, réalisent un bon premier quadrimestre et peuvent espérer une croissance…

Télécharger le communiqué de presse

Télécharger l’indicateur global ARTEMA à mai 2025

Navigation en haute incertitude

Le communiqué économique du 4ème trimestre 2024 de l’indicateur Global ARTEMA

Courbevoie, le 12 février 2025
Présentes dans toutes les machines industrielles ou mobiles, dans tous les moyens de transport et dans tous les secteurs industriels, les professions d’ARTEMA – l’organisation professionnelle des industriels de la Mécatronique – tentent de résister dans une incertitude générale peu propice au déblocage des projets d’investissements.

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les pro-fessions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008. Il compte aujourd’hui plus de 100 répondants chaque mois.

2025 a commencé et l’investissement industriel est toujours en panne. Outre quelques secteurs moteurs, l’incertitude nationale et internationale condamne toute tentative de prévision d’un éventuel retournement favorable de conjoncture. 

Le quatrième trimestre n’aura pas changé la donne. L’année 2024 sera belle et bien négative pour l’ensemble des professions d’ARTEMA entre -5 et -10%. La visibilité reste très réduite. La conjoncture semble morose et ralentie. Les projets d’investissement n’aboutissent pas. Les fabricants de machine n’ont pas retrouvé de dynamique et beaucoup d’entreprises adhérentes vivent de la rechange ou de la maintenance ou s’orientent vers de nouveaux marchés plus dynamiques grâce à des innovations. Les commandes se décalent souvent, et parfois s’annulent. Les Industries mécaniques, premiers clients des professions d’ARTEMA terminent l’année à -1 % en valeur. La famille Equipements de production et Equipements mécaniques baisse de 2% sur 11 mois.
Au niveau de la conjoncture des secteurs ressentie par les adhérents d’ARTEMA il n’y a pas de grands bouleversements par rapport aux trimestres précédents.
L’Aéronautique, la Défense,l’Energie – avec notamment l’Oil and gas et le Nucléaire – la Pharmacie et la Cosmétique restent solides. Le Ferroviaire est particulièrement dynamique et prend un peu de lumière avec un bon quatrième trimestre et de jolies promesses en 2025.
Le machinisme agricole est toujours en situation difficile, les équipements pour le BTP sont également à la peine, la profession des transmissions hydrauliques, très présente dans ces deux secteurs pour le mobile, souffre particulièrement.
Le Bâtiment qui semblait pourtant avoir atteint un plus bas, montre des chiffres encore très préoccupants dans les logements neufs mais également dans les locaux. L’activité Bâtiment est vue à -6% en volume en 2025 après un 2024 à -7%.
Le secteur des Travaux publics qui a réalisé une croissance notable de 3% en 2024 devrait être positif en 2025 mais se prépare à une année 2026 compliquée.
Le secteur Automobile reste dégradé, la production est en baisse en 2024. Le retard avec les objectifs d’équipement de véhicules électriques reste grand. les perspectives ne sont pas bonnes pour cette année car les ménages continuent d’épargner.
Dans ce contexte anxiogène, les premières prévisions sur 2024 confirment bien que les professions d’ARTEMA : roulements et guidages linéaires ; transmissions mécaniques ; transmissions pneumatiques, fixations seront en négatif. L’hydraulique accuse une baisse à deux chiffres dans le mobile mais préserve relativement ses commandes. L’étanchéité conserve une légère croissance.

2025 ne change rien pour l’instant
Les premières semaines de 2025 n’apportent pas de changement drastique. Les industriels ne voient pas le bout du tunnel avant le deuxième semestre 2025 pour les plus optimistes et pas avant 2026 pour les autres. Dans cette période difficile, une certaine résilience s’installe. « En février l’entrée de commandes est molle mais continue d’exister. » résume un adhérent.
Dans toutes les professions, la trésorerie des clients est surveillée avec le remboursement des PGE. Sur le plan national, les défaillances d’entreprise augmentent régulièrement. Le 4ème trimestre atteint un record absolu pour un T4 avec plus 18 700 défaillances, un record, mais aussi, sans doute, un plafond, selon Altares, l’auteur de l’étude. Au final, 2024 dépasse le seuil historique des 67 000 défaillances.
Au niveau des indicateurs économiques macroéconomiques, la croissance française bascule dans le négatif à-0,1% au T4/T3 après le +0,4% au T3/T2. L’INSEE garde inchangée sa prévision annuelle de 1,1% pour 2024.
Point encourageant, la production dans l’industrie manufacturière industrielle sur le dernier trimestre est positive pour la première fois de l’année à +0,2% grâce au rattrapage de l’agroalimentaire après deux mauvais trimestres et à une bonne performance des raffineries.
L’indicateur du climat des affaires dans l’industrie de l’INSEE se replie en janvier, L’investissement des entreprises est toujours en recul. Le solde d’opinion de l’INSEE sur les investissements au cours des trois prochains mois atteint en janvier son niveau le plus bas depuis octobre 2021.

Quelques indicateurs passent au vert
Tout n’est pas désatreux pour autant, la consommation de ménages longtemps pointée du doigt, reprend de la vigueur avec une croissance sur un mois de +3% en décembre après +1,2% en novembre pour les dépenses de biens durables (moto, auto, équipement de la maison, électroménager, informatique, électronique…). La progression de la consommation atteint +2% sur un an.
La confiance des ménages s’améliore un petit peu en janvier (solde d’opinion) mais l’épargne reste la priorité. Malgrè la baisse de l’inflation, la part des ménages estimant qu’il est opportun d’épargner rebondit en janvier et reste bien au-dessus de la moyenne de longue période.

De l’incertitude à l’inquiétude allemande
L’attente reste générale. Les industriels, qui vivent au jour le jour, évoquent bien quelques rares projets intéressants mais qui n’aboutissent pas. Sur le plan politique, le retard du gouvernement sur le vote du budget excacerbe l’incertitude.
Dans cette abscence de visibilité générale, subsistent des craintes économiques immédiates. La conjoncture de l’ Allemagne, premier pays client de la mécanique est clairement identifiée par une majorité des adhérents comme une des principales sources d’inquiétude cette année.
L’Industrie manufacturière allemande va toujours mal et ne s’améliore pas pour les mois à venir. Après -0,2% en 2024, la croissance allemande est prévue à +0,3% cette année par le FMI. L’incertitude politique pèse également avec les élections fédérales fin fevrier du Bundestag. Les exportations allemandes, moteur de leur économie, ne peuvent plus se reposer sur la Chine comme auparavant. Elles ne pourront désormais également plus compter sur les Etats-Unis avec les taxes douanières promises par Donald Trump.

Les effets d’annonces de Donald Trump
Sur le plan international, l’incertitude n’est pas près de diminuer avec la statégie du président américain qui multiplie les menaces géopolitiques et la guerre commerciale à coup de droits de douanes, dans une stratégie très offensive directement tirée du monde de l’entreprise.
Le contexte politique américain très anxiogène influence également la baisse des taux. L’économie mondiale garde justement les yeux rivés vers les actions de la Banque Fédérale américaine. La Fed pourrait ne pas poursuivre son cycle de baisse pour l’instant dans l’attente de bien analyser les politiques du nouveau président américain. Le statut-quo monétaire de la Fed qui va à l’encontre de la volonté de Donald Trump pourrait bien durer toute l’année.
La BCE, qui vient de décider le 30 janvier sa cinquième baisse des taux depuis juin 2024, continue sa politique de détente monétaire, un point positif qui devrait in fine contribuer à baisser les taux d’emprunt immobilier pour les particuliers en France et relancer le marché immobilier.

La Chine en pleine guerre commerciale
Toujours engluée dans sa crise immobilière, la Chine a vu légèrement ralentir sa production manufacturière en janvier .
En 2024, les exportations chinoises vers les USA ont augmenté de 4% en valeur. Face aux taxes sur les produits chinois, la Chine prépare sa guerre commerciale avec les Etats-Unis en taxant les importations américaines de Charbon et de GNL.
Visée par les mesures de Trump, et probablement amputée dans l’avenir d’une partie du potentiel commercial américain, il est clair que la Chine devrait accentuer son agressivité commerciale vers l’Europe et la France.

En résumé, le défi cette année pour les professions d’ARTEMA sera de composer avec une conjoncture totalement imprévisible et directement dépendante de décisions politiques, diplomatiques et géostratégiques. L’objectif sera de préserver une année neutre comparée à 2024.

Achevé de rédiger le 4 février 2025

Télécharger le communiqué de presse
Télécharger l'indicateur global ARTEMA à décembre 2024

Des temps difficiles. Pas de reprise attendue avant le 2ème semestre 2025.

Courbevoie, le 12/11/2024

Présentes dans toutes les machines industrielles ou mobiles, dans tous les moyens de transport et dans tous les secteurs industriels, les professions d’ARTEMA – l’organisation professionnelle des industriels de la Mécatronique- continuent de subir une année compliquée, engluée dans une incertitude générale.

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008. Il compte aujourd’hui plus de 100 répondants chaque mois.

Aucune amélioration de la conjoncture industrielle ne ressort au troisième trimestre. Les affaires se font au jour le jour. Les perspectives n’indiquent pas de changement de tendance dans le bon sens à court terme.

Dans l’analyse des termes des commentaires des industriels, la conjoncture reste toujours en majorité molle, déprimée, morose. Pour certaines professions, elle devient aujourd’hui délétère et préoccupante.

Pour l’année en cours à fin septembre, la plupart des professions d’ARTEMA sont en retrait entre -3% et -7%, les Transmissions Hydrauliques, Mécaniques et Pneumatiques sont en baisse comme les Fixations, les Roulements, le Guidage Linéaire. L’Etanchéité préserve une légère croissance. Le  chômage partiel est même parfois utilisé dans plusieurs usines et chez les clients.

Tant attendus, les investissements industriels ne se débloquent toujours pas. Beaucoup de commandes sont reportées. Les quelques beaux projets potentiels existent bien mais n’aboutissent pas. La bonne santé de secteurs comme l’Aéronautique, le Ferroviaire, la Défense et certaines énergies (Nucléaire, gaz, hydroélectrique…) libèrent un peu d’air mais ne compensent pas la baisse générale. En effet, ces exceptions restent des niches.

A titre d’exemple, le machinisme agricole, atteint en octobre, un des pires niveaux historiques du baromètre européen du CEMA. En France également, les stocks des concessionnaires restent à des niveaux très élevés presque partout. L’agroalimentaire n’est plus porteur. Les équipements pour le BTP sont en recul. Le baromètre prévisionnel FIM des Industries Mécaniques (cumul sur 11 mois) est attendu en zone négative (-0,3%) en Novembre.

Au rayon des bonnes nouvelles, le bâtiment semble bien avoir touché son point le plus bas. Le non résidentiel neuf revient en territoire positif  à +3% à fin août pour les locaux autorisés avec une forte croissance à deux chiffres des locaux agricoles et des bâtiments pour les services publics, ce qui peut donner un peu d’air au secteur des fixations.

Autre élément plutôt positif, les prix des intrants n’augmentent plus : les prix des matières premières se sont en effet stabilisés même si ils restent à un niveau haut par rapport à 2019. La déflation continue en Europe. En France, l’inflation est passée à 1,5 % (IPCH) en octobre.

L’Aéronautique toujours en tête des secteurs

Si tout le monde s’accorde pour ne pas faire de catastrophisme, les secteurs clients sont de moins en moins nombreux à rester solides. L’aéronautique loin devant, le nucléaire, le ferroviaire, la cosmétique, l’électronique se distinguent dans la morosité ambiante. Le machinisme agricole s’effondre et inquiéte de plus en plus. Les équipements pour la construction et le BTP, qui dépendent du marché du bâtiment actuellement en crise, sont attendus à -7% (CA) pour 2024 et les stocks chez les concessionnaires restent conséquents. Pour l’Automobile, même si le 1er semestre reste positif en immatriculation tant en France qu’en Europe, le mois de juin 2024 amorce un retrait par rapport à juin 2023 et les véhicules électriques se vendent de moins en moins tandis que les full-hybrides accélèrent. Ce changement de tendance en juin inquiète les professions d’ARTEMA d’autant plus que les commandes Automobile ne progressent pas et sont donc inférieures à leur moyenne de long terme.

Retards de paiements et défaillances en augmentation

Dans ce contexte compliqué, les entreprises, privées de commandes, tentent de résister financièrement. Ce n’est pas chose facile: Toutes les professions d’Artema signalent, depuis plusieurs mois déjà, des retards de paiements de leurs clients, quelques dépôts de bilan sont même signalés. Selon une étude COFACE réalisée en juin, le retard moyen s’est allongé par rapport à l’an dernier, passant de 38 à 40 jours. il atteint 45 jours pour les TPE, 38 jours pour les PME et 32 pour les entreprises de plus grande taille. La trésorerie de nombreuses entreprises clients et fournisseurs se fragilise : Selon Altares, le nombre de défaillances est au plus haut avec un T3 en hausse de +20% sur un an, et un niveau record sur 12 mois avec 66 000 défaillances. Dans l’industrie, les défaillances progressent moins fortement (+7%).

Une Economie résiliente mais une Industrie faible.

D’une manière globale, l’économie française poursuit sa croissance. Selon L’Insee, le PIB gagne 0,4 % au T3 après +0,2 % au T2 (effet JO et Paralympiques) réalisant un acquis de croissance sur l’année de + 1,1 % un score rassurant au moins sur le papier. Mais sans surprise la croissance est littéralement portée par les services, l’industrie manufacturière perd encore 0,1 % au T3 après -0,3 % au T2 et recule de 0,7% sur 2024.

L’année 2025 qui arrive ne commencera malheureusement pas sous les meilleurs auspices pour l’industrie française. Deux chocs frontaux risquent de freiner le redémarrage et la reprise de l’investissement.

La déflagration allemande menace

L’impact de la crise économique en Allemagne, premier client de l’industrie mécanique française, ne s’est pas encore propagé en France et devrait intervenir en 2025 selon les industriels d’ARTEMA. La situation économique allemande générale a légèrement progressé en octobre grâce aux services, seule composante en zone positive. L’indicateur allemand IFO atteint son plus haut niveau depuis quatre mois en octobre. Mais dans l’industrie manufacturière germanique, la situation actuelle des affaires s’est considérablement détériorée. Le manque de commandes reste le problème central. Le taux d’utilisation des capacités de production a baissé de 1,2 point de pourcentage et, à 76,5 %, il est nettement inférieur à la moyenne à long terme qui est de 83,4 %.

Le cataclysme automobile

L’autre élément très inquiétant de 2025 concerne le secteur automobile qui traverse une véritable transformation structurelle avec la problématique transition vers l’électrique. Les ventes baissent (-11% en octobre 2024/2023 et -28% comparé à 2019). Les grands constructeurs automobiles ont recours au chômage partiel et même à des fermetures temporaires ou définitives d’usines, comme l’ont annoncé Volkswagen en Allemagne et Audi en Belgique. De plus, la course contre la montre des constructeurs pour le respect du règlement CAFE en 2025 risque d’entraîner des conséquences dévastatrices dans la filière amont.

Les répercussions en dominos pourraient être désastreuses si l’on prend en compte non seulement la pièce embarquée auto, mais aussi toute la filière des machines qui équipent les sites de production automobile et donc la majorité de nos professions pourrait être impactée. Aucune reprise dans ce secteur n’est prévue avant le T3 2025.

Entre Risque Géopolitique et guerre économique

Malgré de nombreuses craintes, les Etats-Unis, ont évité la récession. Après une croissance de +3% au T2 en taux annualisé et 2,8% au T3, la croissance US décélère mais reste présente. En revanche l’activité manufacturière américaine atteint en octobre son niveau le plus bas depuis 15 mois. La victoire de Donald Trump et la guerre commerciale promise par le nouveau président à coup de droits de douane risquent d’accentuer les tensions commerciales avec la Chine et d’isoler l’UE dans ses relations commerciales.

Cependant, à l’échelle mondiale, la principale source de préoccupation pour 2025 sera d’ordre géopolitique. Elle concernera principalement les futures décisions du président américain sur le soutien à l’Ukraine dans son conflit avec la Russie, sur les menaces chinoises sur Taïwan (capitale mondiale des puces électroniques) ainsi que sur la guerre économique avec la Chine.

En résumé, les professions d’ARTEMA s’attendent à une année 2024 négative. La prévision en valeur pour l’ensemble des professions se situe autour de -5%. L’année 2025 dépendra du retour ou non de l’investissement, de la conjoncture des fabricants de machines et de la reprise de l’automobile et du bâtiment. L’objectif de nos professions, à ce jour, est de préserver au moins une stabilité par rapport à 2024.

Télécharger le communiqué de presse

 

 

 

 

L’attente d’un redémarrage de l’industrie se prolonge. Les espoirs se tournent vers 2025.

Courbevoie, le 30/07/2024

Présentes dans toutes les machines industrielles ou mobiles, dans tous les moyens de transport et dans tous les secteurs industriels, les professions d’ARTEMA – l’organisation professionnelle des industriels de la Mécatronique – achèvent un premier semestre médiocre.

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008. Il compte aujourd’hui plus de 100 répondants chaque mois.

Le deuxième semestre 2024 devait combler tous les espoirs en actant un redémarrage tant attendu. Hélas il n’en sera rien. Les projets industriels sont prêts, tout est en place mais les décisions d’investissement sont encore et toujours suspendues ou remises à plus tard. Elles dépendent de la conjoncture des clients qui eux-mêmes n’ont plus de demande. Au bout du bout, la consommation des ménages augmente doucement au global mais malheureusement, cela ne concerne pas les bien fabriqués (-0,3% en mai/avril). Le pouvoir d’achat s’améliore aussi mais la confiance des ménages reste selon l’INSEE bien inférieure à sa moyenne de longue période.

Les élections n’ont pas contribué à débloquer une situation déjà compliquée. De l’avis de la plupart des professions, il faudra maintenant attendre au moins début 2025 pour oser parler reprise, croissance et dynamisme.

Les professions d’ARTEMA accusent logiquement une baisse de chiffre d’affaires et surtout de commandes sur le premier semestre. Certaines traversent de fortes dépressions comme l’Hydraulique mobile et l’Hydraulique industrielle, d’autres arrivent à préserver une stabilité comme l’Étanchéité.

Sur l’Indicateur Global ARTEMA, la courbe des facturations (bleue) et celle du carnet de commandes (verte) plongent en mai et en juin, deux mois difficiles. La seule touche positive ressort de la courbe (rouge) des prévisions pour les trois prochains mois qui remonte un peu en juin.

L’Aéronautique toujours en tête des secteurs

Si tout le monde s’accorde pour ne pas faire de catastrophisme, les secteurs clients sont de moins en moins nombreux à rester solides. L’aéronautique loin devant, le nucléaire, le ferroviaire, la cosmétique, l’électronique se distinguent dans la morosité ambiante. Le machinisme agricole s’effondre et inquiéte de plus en plus. Les équipements pour la construction et le BTP, qui dépendent du marché du bâtiment actuellement en crise, sont attendus à -7% (CA) pour 2024 et les stocks chez les concessionnaires restent conséquents. Pour l’Automobile, même si le 1er semestre reste positif en immatriculation tant en France qu’en Europe, le mois de juin 2024 amorce un retrait par rapport à juin 2023 et les véhicules électriques se vendent de moins en moins tandis que les full-hybrides accélèrent. Ce changement de tendance en juin inquiète les professions d’ARTEMA d’autant plus que les commandes Automobile ne progressent pas et sont donc inférieures à leur moyenne de long terme.

L’inflation ralentit, la croissance s’accélère

C’est une des bonnes nouvelles qui laisse augurer un avenir macroéconomique plus serein et laisse espèrer un contexte propice à une reprise de l’investissement.

Sur un an, l’inflation ralentit à + 2,1 % en juin 2024 alors qu’elle était de +4,5% l’année dernière. Selon l’INSEE, elle remonterait un peu pendant l’été pour freiner à la rentrée et descendre en dessous des 2% en décembre 2024 (1,9%).

Cette baisse stimule la croissance qui après +0,3% en T1 (variation trimestrielle) et +0,3% en T2 monterait à +0,5% en T3 puis descendrait à -0,1% au T4. L’INSEE évalue un effet JOP* de 0,3 points de PIB au T3.

Pour l’industrie manufacturière, après -0,6% en T1 et -0,2% en T2 il faudra attendre le second semestre pour aller dans le positif avec +0,2% en T3 et en T4.

L’incertitude politique remet tout en questions 

Les élections législatives passées et l’incertitude politique actuelle inquiètent encore de nombreuses entreprises adhérentes en étouffant un peu plus le climat d’attente qui contribue à bloquer les investissements.

Tous les principaux organismes de prévision l’ont formalisé dans leurs publications. La Banque de France, dans son indicateur mensuel d’incertitude de juin, résume la situation en soulignant les commentaires des entreprises comme « l’inquiétude découlant de l’incertitude de la politique nationale » ; « l’attentisme de la part des clients, un report des investissements y compris ceux venant de l’étranger ainsi qu’un gel des recrutements (…) ».

Interrogées fin juin/début juillet, 13 % des entreprises remontent également des difficultés d’approvisionnement dans l’Aéronautique et dans l’Automobile et une légère remontée des prix des matières premières. Le conflit qui s’enlise en Mer Rouge retarde toujours autant le trafic maritime, l’indice des prix du World Container Index s’envolait le 18 juillet 2024 à des niveaux jamais vus depuis septembre 2022.

Avec l’ensemble de ces conditions, juillet est vu quand même à la hausse pour l’Industrie par la Banque de France.

Baisse des taux : BCE et FED en points de mires

Une autre bonne nouvelle est à noter sur un plan européen : l’inflation ralentit de plus en plus partout en Europe. Un chiffre qui se rapproche de l’objectif donné par Christine Lagarde présidente de la BCE : descendre en dessous de 2% d’inflation pour la zone euro.

Ce n’est pas encore le cas en juin (2,5% d’inflation en zone euro et 2,6% pour l’UE).

En baissant ses taux directeurs de 0,25 points de base le 6 juin 2024, la BCE montre une assouplissement de la politique monétaire qui est un signal positif très attendu pour relancer la consommation, l’immobilier et les investissements. Madame Lagarde a laissé la porte ouverte à une autre baisse en septembre. La FED pourrait également baisser de 0,25 points en septembre : l’inflation aux Etats-Unis  fait mieux qu’attendu avec 3% en juin mais reste encore loin de la cible des 2%.

Les tensions géopolitiques perdurent

La situation géopolitique ne s’apaise pas. Aux conflits actuels – Moyen-Orient, Mer rouge, Russie-Ukraine – s’additionnent des tensions croissantes avec : les incursions chinoises dans le détroit de Taïwan, la tentative d’assassinat de Donald Trump qui a fait renchérir le cours de l’or, et le retrait de la candidature de Joe Biden. Autant d’éléments qui tendent encore plus le contexte géopolitique mondial. Si on ajoute l’incertitude politique française actuelle, beaucoup d’éléments non économiques risquent encore d’influer sur la date du retour des investissements industriels en France.

En résumé, les professions d’ARTEMA attendent désormais 2025 pour que les investissements se concrétisent et que la conjoncture des fabricants de machines s’améliore. La prévision 2024 en valeur pour l’ensemble des professions se situe entre -5% et 0%. 

*JOP : Jeux Olympiques et Paralympiques.

Télécharger le communiqué de presse

 

 

 

 

Un début d’année difficile pour l’Industrie : résistance en attendant des jours meilleurs

Courbevoie, achevé de rédiger le 30 avril 2024

Présentes dans toutes les machines industrielles ou mobiles, dans tous les moyens de transport et dans tous les secteurs industriels, les professions d’ARTEMA – l’organisation professionnelle des industriels de la Mécatronique – terminent un premier trimestre en berne.

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008. 

Il compte aujourd’hui plus de 100 répondants chaque mois.

Morose, triste, déprimée, la conjoncture industrielle n’est toujours pas dramatique mais ne retrouve pas de dynamique.

Logiquement, le 1er trimestre est en baisse pour les professions d’ARTEMA et le mois d’avril ne semble pas changer la donne comme le montrent les premières enquêtes sur l’industrie de l’INSEE.

La reprise n’est pas là. Des investissements prévus et « prêts » sont retardés ou reportés car les clients eux-même n’ont pas de commandes. En avril, l’enquête de l’ INSEE indique que les industriels révisent à la baisse leurs investissements pour l’année.

Croissance en vue en avril grâce aux Services

Mais rien de dramatique ne se profile, si on sort de l’industrie seule, la situation économique s’améliore légèrement.En effet, les indices HCOB PMI® flash de l’activité globale pour avril signalent bien une stabilité pour la France (49,9) et une belle croissance pour la zone Euro (51,4). Ils montrent tous les deux un plus haut de 11 mois ce qui n’est pas rien. Mais en France comme dans la zone Euro, ce sont uniquement les Services qui forgent la croissance. L’Industrie reste à la peine, les mêmes indicateurs PMI, mais maintenant pour l’industrie manufacturière, restent résolument en dessous du seuil de 50 avec un 44,9 en France (plus bas de 3 mois) et 45,6 en zone Euro (plus bas de 4 mois), signes de contraction par rapport au mois de mars.

Peu de secteurs soutiennent l’activité industrielle

Alors oui, les bases de comparaison sont certes hautes dans certaines professions d’ARTEMA qui ont réussi une belle année 2023 après une année solide 2022, mais elles n’expliquent pas tout. L’Aéronautique qui mène le bal des secteurs clients, le Militaire, la Défense, le Nucléaire restent solides, l’Automobile résiste bien mais derrière le peloton est distancé. Beaucoup de secteurs traditionnellement solides comme l’Agroalimentaire, ou le machinisme agricole ne sont plus des piliers sur lesquels s’appuyer. En effet, les agroéquipements au niveau européen vivent un cauchemar avec la pire conjoncture depuis sept ans. Les concessionnaires de matériel agricole regorgent de stocks encore plus qu’en 2019 où ils s’établissaient déjà à un niveau record.

Le bâtiment ne respire plus, rongé par la crise des logements assorti d’un niveau très bas du non résidentiel, entrainant de nombreux secteurs comme les équipements pour le BTP, les matériaux de construction, ou les travaux publics dans une sphère négative. 

Les prévisions ARTEMA pour 2024 ont été révisées à la baisse un peu partout, beaucoup de professions visent un 0+ quand ce n’est pas une prévision négative entre -1 et -5%.

Le tonnerre des défaillances d’entreprises gronde

C’est la deuxième épée de Damocles économique avec le bâtiment qui menace la croissance française. Les défaillances augmentent, selon Altares 17 088 procédures ont été ouvertes au premier trimestre 2024 soit 19% de plus qu’au T1 2023 (+9,5% pour les défaillances dans l’Industrie). C’est un plus haut depuis le premier trimestre 2015. Les 60 000 défauts sur 12 mois ont été franchis en février, un seuil atteint pour la première fois depuis l’été 2016. 

L’inflation sous tous les regards

C’est une vraie bonne nouvelle, de mois en mois la désinflation se poursuit. En mars, l’inflation en France est de 2,4 % sur un an (IPCH). En Europe, l’inflation ralentit dans 13 pays membres de l’UE, reste stable dans 4 et augmente dans 10 pays. Seuls 5 pays dépassent 4% d’inflation en mars.

Une conjoncture internationale brouillée

Mais l’inflation reste source d’inquiétude aux Etats-Unis, où elle poursuit la tendance haussière de février pour atteindre +4% en mars. Elle remet en question une hausse des taux par la FED déjà repoussée de mai à septembre et qui donne des sueurs froides et de sombres pensées de stagflation (forte inflation et croissance faible).

Selon Rexecode « Le PIB américain a déçu au premier trimestre en ralentissant plus que prévu. En réalité, la consommation privée est restée dynamique et la vigueur de la demande interne reste impressionnante. Ce sont principalement les stocks et le solde extérieur qui freinent la croissance économique. »

En Chine, malgré la consommation qui inquiète toujours et un marché immobilier en crise, la croissance du PIB au premier trimestre 2024 a étonné en bien avec +1,6% par rapport au T4 et surtout +5,3% comparé au T1 2023, des chiffres positifs certes mais plus faibles qu’avant le COVID. La consommation des ménages chinois, qui donne le ton à la consommation mondiale et aux investissements qui en découlent, sera très observée dans les prochains mois.

L’Allemagne donne des signes positifs d’amélioration de sa conjoncture économique même si tout reste fragile : l’indicateur allemand IFO entame en avril sa troisième croissance mensuelle consécutive et obtient sa meilleure performance depuis avril 2023. L’indicateur spécifique à l’industrie augmente également en raison des prévisions moins pessimistes mais les carnets ne se remplissent pas.

Outre la difficile lisibilité économique de la situation actuelle avec des signaux contradictoires de tous côtés, le risque géopolitique reste toujours très élevé.

Un contexte géopolitique qui peut tout fracasser

L’ensemble des conflits actuels, au Moyen-Orient la guerre entre l’Ukraine et la Russie et les tensions en Mer Rouge, pèsent plus que jamais dans le contexte géopolitique mondial et rendent tout scénario économique presque superflu.

Dans cet environnement complexe, la prévision de croissance française de l’INSEE de 0,3% pour le T2 comparé au T1 semble aujourd’hui difficile à atteindre. Les Services ne pourront à eux seuls porter la croissance. Il reste deux mois à l’Industrie pour inverser la tendance. Une des solutions pourrait venir de la consommation pour redonner de l’élan à la demande et réactiver un cercle vertueux qui débloquerait les investissements. En mars, la consommation des ménages était de +0,4% sur un mois et quasi stable sur le trimestre comparé au T4 2023 (+0,1%).  

Quant aux professions d’ARTEMA compte tenu de ce contexte et des quelques signes positifs, elles espèrent une reprise pour le deuxième semestre de l’année. Une amélioration de la conjoncture chez les fabricants de machines redonnerait une nouvelle vigueur à l’activité, très attendue par tous.

Télécharger le communiqué de presse

2023 se termine bien. Turbulences annoncées pour cette année: attachez vos ceintures !

Comme attendu, le quatrième trimestre a été ardu pour les professions d’ARTEMA qui ont dû affronter des baisses de commandes. Le carnet remonte un peu mais reste en zone négative tout comme les prévisions pour les trois prochains mois. Les facturations font les montagnes russes et résistent mais le soufflet retombe au mois de décembre.
Malgré un dernier trimestre subi et sans nouvel élan, 2023 est une bonne année pour nos professions et dépasse en valeur une année 2022 déjà correcte. Bien entendu, il est important de garder en tête que les chiffres d’affaires ont été portés en partie par les hausses des prix et ne reflètent pas toujours une augmentation de l’activité réelle.
Les chiffres d’affaires qui résistent, empêchent le pessimisme de gagner du terrain.
L’analyse lexicale des commentaires des différents groupes professionnels est très instructive : même en décembre, la conjoncture est jugée par les industriels de « calme » « maussade » « morose » « flat ». Mais pour autant, pas de drame, pas de vocable comme « crise » « dépression », ou « chute ». Même le mot « baisse » est peu utilisé quand on parle de conjoncture globale et reste pour l’instant circonscrit à qualifier l’évolution des commandes.

Les voyants sont au rouge

Les indicateurs en France annoncent une dégradation de la conjoncture industrielle : l’indice PMI des acheteurs pour le secteur manufacturier affiche en décembre un score de 42,1 soit le plus mauvais score depuis mai 2020, il augmente légèrement en janvier avec 43,1 mais reste faible. L’Indice souligne notamment la forte baisse des nouvelles commandes. L’indicateur synthétique du climat des affaires dans l’industrie de décembre de l’INSEE repasse, lui, en dessous de sa moyenne de longue période pour les biens d’équipements (machines, équipements électriques) pour la première fois depuis décembre 2020. Il se situe bien en dessous de sa moyenne de long terme pour l’alimentaire et seule la fabrication des autres moyens de transport (hors auto) est en nette croissance. En janvier, le climat des affaires dans l’Industrie reste stable.
Sans négliger les avertissements de ces indicateurs, il est également crucial de ne pas tomber dans une spirale pessimiste qui servirait une défiance néfaste pour les nouvelles commandes. Les investissements qui tardent et se font rares dépendent directement de la confiance globale, une confiance dépendante des grands indicateurs de conjoncture nationaux.

Il faut raison garder

Car pour autant, quand on regarde les industries mécaniques qui figurent parmi nos principaux clients, la situation n’est pas si mauvaise avec +7% en cumul sur 10 mois. Certes, les secteurs clients n’ont plus la vigueur de l’année dernière. Bonne nouvelle : l’aéronautique surperforme toujours ainsi que le nucléaire et la défense.
L’année 2023 en automobile a été bonne en immatriculations tant en France qu’en Europe mais les commandes sont en retrait de 9% en France, ce qui inquiète les fournisseurs.
De moins bonnes nouvelles apparaissent : deux secteurs réputés solides ne le sont plus : l’agroalimentaire n’est plus à la fête, loin de là. Fin octobre, la production de l’année était à -2% en volume ce qui est du « jamais vu » en 20 ans pour un secteur traditionnellement très stable.
Le machinisme agricole (les tracteurs, les moissonneuses batteuses, le matériel de traite…) n’est également plus porteur. En janvier 2024, l’indice européen est passé de -48 à -50 points (sur une échelle de -100 à +100). Il n’y a pas un seul marché européen globalement positif pour les prévisions dans ce secteur client important de nos professions.
La construction navale civile et militaire se porte bien, avec un carnet plein jusqu’en 2027. La chimie devrait être juste en croissance cette année grâce à la cosmétique et aux produits d’hygiène.
Les machines de production sont attendues à +2% en valeur grâce à l’export. Pour les équipements de manutention, les industriels restent plus optimistes et voient +5% en valeur.

Les risques pour 2024 et les points à surveiller

La grande inquiétude qui domine pour la croissance du marché français en 2024, repose sur un secteur : le bâtiment qui vit une pleine récession.
La crise ne concerne malheureusement pas que le logement neuf mais également le non résidentiel neuf. L’activité bâtiment qui devrait terminer à -0,6% pour 2023 est attendu à -5,5% (en volume) cette année soit une perte de 90 000 emplois dans le secteur. Normalement, l’entretien-rénovation qui pèse plus de 50% de l’activité, permet de limiter les pertes. Mais cet effet risque de diminuer cette année en raison notamment de la réforme de « MaPrimeRénov’ », une aide gouvernementale destinée aux particuliers pour les inciter à mener des travaux d’isolation.

L’effet domino du bâtiment

La récession du marché du bâtiment fait trembler un grand nombre de secteurs qui en dépendent directement ou indirectement.
Les travaux publics sont vus à -1%. Il faut savoir aussi que du 15 juin au 15 septembre 2024, en prévision des Jeux Olympiques et des jeux paralympiques, les chantiers à Paris seront stoppés ce qui représente un gros manque à gagner.
Les équipements pour le bâtiment et les travaux publics, les équipements pour la construction (grues, pelleteuses, compacteurs…) viennent d’annoncer une diminution des ventes des équipements de -10% à -15% pour 2024 (en unités).
Le secteur du bâtiment compte sur l’Etat pour intervenir et relancer l’activité.

Dans ce contexte, l’objectif global pour les professions d’ARTEMA sera donc bel et bien de réaliser une année stable en volume ce qui serait déjà une belle performance surtout qu’un deuxième risque menace avec les défaillances d’entreprises qui augmentent.

Les défaillances grondent

La France a enregistré avec 16 800 défaillances un des pires quatrièmes trimestres en 30 ans mais 2023 reste « loin des référentiels de crise historique » rappelle Altares. Le nombre de défaillances est en augmentation de 35,8 % par rapport à 2022.  Au-delà d’un simple retour à la normale post-covid, les défaillances s’accélèrent.  Altares souligne également que c’est le contexte de « permacrise » (la crise permanente) qui affecte les entreprises et qui explique le seuil de défaillances élevé.
Le raz de marée attendu n’est pas encore présent mais on s’en approche.

La désinflation se poursuit

C’est un point positif. L’inflation qui a animé 2022 et 2023 ralentit, et laisse place à la désinflation. En décembre, l’inflation est de 3,7% sur un an, ce qui donne pour 2023 une inflation moyenne à 4,9% après 5,2% en 2022. On espère retourner entre 2 et 3% en 2024, si le prix de l’énergie ne remet pas en cause ces prévisions.

Un contexte géopolitique brûlant

4ème et dernier point : le contexte géopolitique est très anxiogène et ses possibles retombées sur l’économie mondiale font peur.

  • La production industrielle chinoise a retrouvé sa tendance d’avant crise mais la question de l’immobilier demeure. (PIB +5,2 % en 2023).
  • L’Allemagne reste dans une situation économique compliquée, le PIB allemand s’est contracté en 2023 (-0,3 %). Le pays vit une récession annuelle.
  • Les conflits au Moyen-Orient, la guerre entre l’Ukraine et la Russie, les tensions en Mer Rouge (qui commencent déjà à se faire sentir avec quelques pénuries) tendent dangereusement le climat géopolitique mondial.
  • Plus de 4 milliards de personnes vont vivre des élections, ce qui représente presque 60% du PIB mondial.
  • Aux Etats-Unis, les résultats des élections présidentielles pourraient avoir un effet immédiat sur l’issue de la guerre entre l’Ukraine et la Russie, sur le conflit au Moyen-Orient et sur la rivalité économique avec la Chine.
  • Les politiques monétaires et l’évolution des taux directeurs de la BCE et de la FED sont à surveiller.

Nous sommes dans une phase de ralentissement global où la croissance mondiale n’est plus au-dessus des 3%. Elle est attendue entre 2,4% et 2,8% cette année.

D’une manière générale, les écarts de prévisions de croissance restent encore larges selon les organismes privés ou publics, ce qui témoigne d’un haut degré d’incertitude ambiante. Le FMI vient de réviser à la baisse sa prévision France de 1,3 à 1% (le 28 janvier). Une croissance pour la France autour de 0,7%, 0,8% serait une prévision raisonnable.

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008.  Il compte aujourd’hui plus de 100 répondants chaque mois.

Télécharger le communiqué de presse 

Télécharger l’indicateur global du T4 2023

Dépression passagère ou retournement de conjoncture ?

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008.  Il compte aujourd’hui environ 100 répondants chaque mois.

La rentrée a bel et bien rendu son verdict : les nouvelles commandes se raréfient, les carnets fondent et l’avenir s’assombrit. En septembre, pour la première fois depuis longtemps, les chiffres d’affaires de plusieurs professions ont été plus faibles que l’année dernière.
Chez certains adhérents, les nouvelles commandes s’essoufflent, ralentissent, sont moins dynamiques, tandis que d’autres subissent déjà depuis six mois des baisses à deux chiffres.

2023 sera vraisemblablement une bonne année. Une bonne année comparée à une année 2022 elle-même solide et satisfaisante. A fin septembre, sur neuf mois, les chiffres d’affaires sont bons, souvent même supérieurs aux niveaux de 2019. Ces chiffres rassurent les acteurs et parfois minorent aussi l’ampleur de la baisse d’activité qui arrive : le téléphone qui sonne moins, les nouvelles commandes qui manquent à l’appel… L’activité au sens propre interroge et plonge l’ensemble des acteurs dans l’inconnu dès le deuxième trimestre 2024.

Les secteurs clients ne montrent plus la même vitalité qu’il y a six mois. Le machinisme agricole, les équipements pour le BTP et l’agroalimentaire ne rayonnent plus. Le bâtiment traverse une vraie crise des logements neufs et ne peux pas s’appuyer sur le non résidentiel.
L’automobile va mieux mais montre une conjoncture peu sereine d’autant plus que les commandes enregistrées jusqu’à maintenant sont en retrait de 13% pour les véhicules particuliers et de 26% pour les véhicules utilitaires légers par rapport à 2022.

Dans un contexte politique mondial extrêmement tendu, où les conflits armés se multiplient, le secteur de la défense se porte toujours aussi bien. L’aéronautique sort également son épingle du jeu comme le nucléaire, la cosmétique, l’hygiène et le médical.

Au final, pas de catastrophisme, mais l’impression générale dans l’industrie indique que l’euphorie présente déjà en 2022 est terminée, que tout est allé un peu trop précipitamment avec des commandes en début d’année encore au-dessus des besoins réels, donnant des résultats chiffrés artificiels boostés par les hausses de prix et de fait de plus en plus déconnectés de l’activité réelle.

Alors, chute ponctuelle ou véritable retournement ? Les prévisions pour 2024 sont toujours aussi difficiles à réaliser. Sans aller jusqu’à parler de « retour de bâton » peut être va-t-on avoir droit en France à une période de « digestion », plus apaisée économiquement, encadrée par une inflation en pleine décélération. Attendue à 4,4% à fin décembre, l’inflation devrait être modérée en 2024 (entre 2,5 et 3%).

Scénario optimiste mais réalisable, l’année 2024 s’imposerait-elle pour les industriels comme une année de transition idéalement neutre en volume d’activité qui permettrait de retrouver une normalité ?

Rien n’est moins sûr malheureusement car d’ici la fin d’année et dès le début de l’année prochaine, planent sur nos têtes plusieurs épées de Damoclès de tailles diverses et aux effets dominos dévastateurs :

  • En France, les prix de l’énergie restent élevés pour les entreprises, notamment pour l’électricité. Une grande incertitude demeure.
  • Le cours du pétrole, très tendu en raison du conflit israélo-palestinien et du risque de contagion à d’autres pays du Golfe, ajoute à la tension du climat énergétique actuel.
  • Une enquête de l’Insee en septembre montre que face au contexte énergétique actuel, les entreprises industrielles réagissent plus en comprimant leurs marges qu’en augmentant leurs prix de vente.
  • Le déferlement attendu des défaillances d’entreprises n’a pas encore eu lieu à grande échelle. Elles augmentent en septembre mais restent en dessous de la moyenne pré-pandémique 2010-2019.
  • La crise économique en Allemagne, 1er client de la France en industrie mécanique, fait peur, même si la désinflation est en cours (4,3% en septembre) et une récession est attendue pour le 2ème
  • La Chine flirte avec la déflation (0% en septembre) et la consommation des ménages chinois est en berne avec des répercussions sur le commerce mondial.

Ces éléments pris en compte, la croissance en France à ce jour est toujours positive avec des prévisions trimestrielles selon l’Insee de +0,1 % pour le T3 et de +0,2 % pour le T4 et une prévision annuelle de +0,9% pour 2023. Rexecode prévoit +0,4% pour 2024.

Une chose est désormais acquise : à ce jour, « réussir » une année 2024 neutre en volume d’activité serait une grande satisfaction pour un grand nombre d’adhérents, toutes professions confondues.

Télécharger le communiqué de presse

Une conjoncture difficile à lire

Comme prévu, le premier semestre s’est globalement plutôt bien passé pour les professions d’ARTEMA, les chiffres d’affaires en valeur sont corrects voire satisfaisants en cumul sur la période. Mais le « jusqu’ici tout va bien » répété au premier trimestre n’est malheureusement plus de mise au second trimestre. Car, comme attendu, les nouvelles commandes n’approvisionnent plus autant les carnets qui commencent à fondre. Les entreprises « mangent » leur carnet. Cette fonte du carnet (courbe verte) peut s’observer de manière spectaculaire en mai sur l’indicateur global ARTEMA.  En juin, le carnet remonte un peu. Ce sentiment sur les commandes est général, il est plus ou moins qualifié d’inquiétant suivant son ampleur qui peut différer grandement même entre deux entreprises au sein d’une même profession.

Le vocabulaire utilisé par les industriels est significatif, et demeure plutôt, dans la minoration. Alors que plusieurs indicateurs chiffrés annoncent des -10% -15% en mai et en juin sur les nouvelles commandes, les acteurs parlent « d’érosion », de « ralentissement », de « décélération » et très rarement de « baisse », de « chute ou encore moins de « crise ». Cette tendance qui pourrait apparaître comme anecdotique amène à souligner certains points et à relativiser le phénomène :

  • La crise sanitaire, les rattrapages violents de 2022, les différents effets « commandes de précaution» pour se prémunir, selon les périodes, des hausses de prix, des pénuries sur les pièces, ou pour sauvegarder des délais de livraisons, ont brouillé les repères. L’analyse par rapport aux chiffres devient impossible et les repères sautent.
  • L’effet base de comparaison pour les commandes est souvent sous-estimé, l’année 2022 ayant été une très bonne année.
  • Plusieurs professions en négatif comparés à 2022 sont actuellement toujours positives comparé au premier semestre de… 2019.

En résumé, les industriels s’interrogent. Ils partagent une inquiétude mesurée mais restent éloignés de tout catastrophisme. Le plus important est de savoir si cette décrue des commandes restera ponctuelle et cantonnée à quelques mois ou si elle est annonciatrice d’un prochain cycle à la baisse. Il faudra attendre le mois d’octobre pour appréhender la conjoncture plus clairement.

De légers nuages sur les secteurs

Les différents secteurs clients résistent plutôt bien, mais beaucoup sont un peu moins dynamiques comme l’agroalimentaire, l’oil, les machines de production, la robotique, les mines et carrières. L’aéronautique, le gaz, les agroéquipements, la cosmétique, le médical, l’électronique restent solides.

L’automobile a retrouvé un bon niveau d’activité. Les travaux publics sont à la peine. Le bâtiment neuf traverse une passe très difficile et ne peut compter que sur l’entretien-rénovation (environ 50% de l’activité bâtiment de nos professions) pour ne pas sombrer.

Les soucis habituels qui font maintenant partie du quotidien : approvisionnement, délais de livraison restent prégnants bien qu’atténués.

Les difficultés de recrutement s’ajoutent aux soucis du quotidien et commencent même à peser sur l’activité pour certains et de nombreux postes restent vacants.  Les exigences accrues des candidats, le faible niveau d’anglais et l’appétence moindre à la mobilité sont les principaux freins à l’embauche.

Une inflation moins forte attendue et une attention particulière portée sur l’Allemagne

L’inflation ralentit, en juin, elle était en dessous des 5% à 4,5% (IPC).

Portée directement par l’énergie, il y a quelques mois, elle est maintenant menée par les prix de l’alimentaire (+14% en juin) et devrait pour les prochains mois, selon les prévisionnistes, être relayée par la hausse des prix des services.

Premier pays client de l’industrie mécanique française, la situation économique de l’Allemagne est également l’objet de toutes les attentions. En juin selon l’IFO, les prévisions des entreprises allemandes de l’industrie manufacturière atteignaient leur plus bas niveau depuis novembre 2022.

Les tensions géopolitiques restent présentes. La guerre entre la Russie et l’Ukraine continue et ses implications économiques compliquent toujours les relations commerciales.

Dans ce contexte toujours difficile, le moral des entreprises reste plutôt préservé. Les prévisions 2023 sont positives en valeur en raison de l’effet prix. En volume, une année étale satisferait la plupart de nos professions.

Télécharger le communiqué de presse

Télécharger le graphe

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008.
Il compte aujourd’hui environ 100 répondants chaque mois.

La conjoncture résiste toujours et offre un bon 1er trimestre 2023

Présentes dans toutes les machines industrielles ou mobiles, et dans tous les moyens de transport, les professions d’ARTEMA – l’organisation professionnelle des industriels de la Mécatronique – maintiennent le cap pour le 1er trimestre 2023.

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008.  Il compte aujourd’hui environ 100 répondants chaque mois.

Mois après mois, dans un contexte d’extrême prudence, la conjoncture reste toujours convenable pour l’ensemble des professions. Elle souffle même une brise bienvenue de légèreté dans l’atmosphère d’inquiétude ambiante.

Pour l’ensemble des professions, le 1er trimestre montre une belle croissance générale des chiffres d’affaires parfois même à deux chiffres. Certes, cette évolution ne représente pas toujours l’activité pure car elle doit une partie de sa croissance aux hausses de prix généralisées et à des carnets de commande hérités de 2022. Mais elle reste bonne à prendre pour l’ensemble des acteurs.

L’indicateur global ARTEMA reste bien positionné à la fin du mois de mars dans une dynamique de croissance pour les facturations comme pour les prévisions pour les trois prochains mois.

C’est une bonne nouvelle qui ouvre vers un peu plus d’optimisme. Un léger regain d’espoir encouragé par une poursuite de la relative baisse des prix des matières, des coûts et d’une petite amélioration des conditions d’approvisionnement. Le manque de disponibilité de certaines pièces reste néanmoins problématique et bloque encore de nombreux projets.

La nouvelle un peu moins réjouissante, vient de la courbe verte du carnet de commandes qui baisse inexorablement. L’essoufflement des nouvelles commandes qui se ressentait déjà à la fin de l’année dernière chez certains adhérents est très lisible en chiffres avec une baisse nette des commandes dans plusieurs professions pour le mois de mars. Il est vrai que la base de comparaison haute doit être prise en compte car il y a eu beaucoup de commandes en 2022. C’est quand même un signal négatif car le carnet moins garni jouera de moins en moins, dans le futur, son rôle d’amortisseur des fluctuations d’activités sur le chiffre d’affaires.

La plupart des secteurs clients restent solides. L’agroalimentaire comme le machinisme agricole sont désormais loin de l’euphorie et de leur « Plus haut » mais gardent un niveau au moins correct. Même l’automobile réalise un bon 1er trimestre 2023 comparé à 2022. Mais on est loin des niveaux de 2019.

Le contexte macroéconomique s’ancre dans l’instabilité.
L’inflation qui devrait avoisiner les 5% sur l’année n’est plus directement menée par les prix de l’énergie mais par l’augmentation des prix des services et par les coûts des dépenses quotidiennes comme l’alimentaire : les prix des denrées ayant augmenté en grande partie à cause du coût de l’énergie.

La confiance des ménages dans la situation économique reste dégradée et devrait le rester pour le 2ème trimestre. Pour le 1er trimestre la consommation alimentaire par habitant a atteint son plus bas niveau depuis 1987.

Maintes fois crainte, attendue depuis longtemps, la déferlante de redressements judiciaires des entreprises n’est pas encore arrivée mais les défaillances augmentent de mois en mois sans être encore supérieures au niveau moyen pré-pandémique. La santé financière de beaucoup d’entreprises demeure une épée de Damoclès avec les conséquences attendues en dominos, pour toute la chaîne clients-fournisseurs.

Les tensions géopolitiques sont encore très fortes. La guerre entre la Russie et l’Ukraine perdure. L’investissement direct à l’étranger se renforce entre pays « amis ».

L’export marche bien pour les industriels mais les sanctions de l’UE contre la Russie bloquent des projets parfois très intéressants.

Au final, les industriels traitent l’activité au jour le jour dans une visibilité très restreinte et restent prudents malgré des chiffres actuels qui dans un autre contexte macroéconomique et géopolitique les laisseraient plutôt satisfaits. Le premier trimestre s’est mieux passé qu’attendu en raison des confortables carnets de commandes qui devraient être moins garnis dans les prochains mois. Les vraies questions se posent pour le 2ème semestre même si les prévisions, en valeur, de l’ensemble des professions restent positives pour l’année à ce jour.

 Achevé de rédiger le 15 mai 2023

Télécharger le communiqué de presse 

Communiqué de presse : 2022 se termine bien mais le pessimisme pour l’avenir gagne du terrain

Présentes dans toutes les machines industrielles ou mobiles, et dans tous les moyens de transport, les professions d’ARTEMA – l’organisation professionnelle des industriels de la Mécatronique- réalisent un meilleur 4ème trimestre 2022 que prévu mais s’inquiètent pour les commandes des prochains mois particulièrement au-delà du premier semestre.

Le 4ème trimestre 2022 aura finalement bien résisté et clôture une belle année 2022, riche en expériences. Les chiffres sont bien là et plutôt bons. La progression du chiffre d’affaires global des professions d’ARTEMA devrait être significative. Une performance qui doit être à relativiser car nourrie par les augmentations de prix qui peuvent masquer selon les professions une stabilité voire une très légère baisse de l’activité en volume.
Avec un jour ouvré de moins que l’année dernière sur le trimestre, l’Indicateur global ARTEMA reste à un bon niveau de facturation et résiste pour le carnet de commandes. Les transmissions hydrauliques et pneumatiques malgré une certaine érosion des commandes maintiennent de bons carnets de commandes. Les transmissions mécaniques restent solides.
Au niveau des secteurs utilisateurs malgré un sursaut automnal, l’automobile recule encore (-8% en 2022 en immatriculations pour les VP) et laisse définitivement derrière elle les niveaux de 2019 (-30% pour 2022/2019) sans beaucoup d’espoir de les rattraper prochainement. Même si le 1er trimestre 2023 s’annonce meilleur avec des immatriculations en hausse de 8% en janvier et si les carnets de commandes des constructeurs sont plutôt bons, les problèmes d’approvisionnement de semi-conducteurs vont perdurer et risquent encore d’impacter la production automobile en 2023.
Le secteur aéronautique est bien reparti en 2022, et 2023 s’annonce comme une bonne année pour nos professions présentes sur ce segment d’activité.
L’Industrie confirme une bonne activité dans l’ensemble : le secteur des machines de production se maintient même si des interrogations apparaissent pour les investissements futurs ; le machinisme agricole reste dans une conjoncture favorable et promet un premier semestre déjà garanti. Les équipements pour le BTP et la manutention conservent également des carnets bien garnis.

Un tel bilan globalement positif devrait apporter un minimum de sérénité mais il n’en n’est rien.

Un pessimisme exacerbé par l’ambiance générale

Aujourd’hui, les indicateurs d’incertitude restent hauts, l’inquiétude perdure et la visibilité se fige au bord du premier semestre. Plusieurs raisons expliquent un contexte fortement anxiogène :

  • Tout d’abord, la croissance du chiffre d’affaires peut parfois apparaître comme artificielle, gonflée par les hausses de prix et non engendrée par une véritable croissance de l’activité.
  • D’autres raisons laissent un goût amer aux industriels, en majorité « plus pessimistes que leurs chiffres » : l’inflation généralisée, les pénuries de matières premières et de composants toujours présentes, la hausse de la facture énergétique (très pénalisante pour de nombreux secteurs de la mécanique) et le recrutement très difficile.
  • À toutes ces causes se juxtaposent les inquiétudes internationales, conflit Ukraine/ Russie, ralentissement de l’Allemagne, crise immobilière en Chine…
  • L’anxiété crée l’anxiété : les prévisions macroéconomiques plutôt pessimistes de ces derniers mois alimentent la morosité, passent de la macroéconomie à la microéconomie et n’arrangent rien au niveau du moral des entreprises ou des ménages.
  • La consommation, l’investissement restent des variables plus sensibles que jamais au contexte extérieur et jouent un rôle d’amplificateur dans un sens ou dans un autre.

Depuis quelques semaines, dans un océan de pessimisme souffle une brise d’optimisme avec l’apparition de nouvelles prévisions de croissance 2023 révisées à la hausse notamment celles du FMI pour le Monde (+2,9%) et pour la France (+0,7%). La commission européenne voit elle, la croissance française cette année à +0,6% contre 0,4% en octobre 2022. Toutes ces nouvelles perspectives créent un impact positif sur le moral. Bien entendu, une grande prudence accompagne toute bonne nouvelle, telle la croissance « faiblement positive » prévue par le Gouverneur de la Banque de France début décembre 2022.
D’ailleurs, les visions sombres pour 2023 pour l’Allemagne, avec des « Allemagne : Récession imminente ! » titrées dans les médias se sont adoucies également en décembre, l’IFO prévoyant finalement une quasi stabilité à -0,1%.

Au final, malgré les carnets qui restent fournis, les prévisions pour les prochains mois de nos professions, représentées par la courbe rouge, plongent en zone négative dans l’Indicateur Global pour la première fois depuis décembre 2020. Elles absorbent sûrement une part de toutes les inquiétudes ambiantes. Un signal à ne pas prendre à la légère mais à mettre aussi en perspective. Les prévisions 2023 des professions se situent en effet entre 0 et +5% en valeur comparée à une bonne année 2022. Oui, certaines professions s’attendent, donc, compte tenu de l’inflation, à des baisses en volumes. Pour tout le monde une année étale (en volume) serait donc déjà un bel accomplissement.

Rédigé le 13 février 2023.

Télécharger le communiqué de presse 

L’indicateur Global ARTEMA est un solde d’opinion qui offre une image de la conjoncture de toutes les professions d’ARTEMA depuis le mois de janvier 2008.

Il compte environ 100 répondants chaque mois.